Histoire

Situé au nord de St Lucie, la Martinique était la principale base française aux Antilles, avec son port principal Fort de France. les convois de marchandises venant de l’Atlantique ont invariablement approché le port de Fort de France depuis le sud.  A un mile au large du village du Diamant s’élève un pic d’une hauteur de 600 pieds, formation rocheuse dominant la mer. Il semblerait que les marins britaniques le nommèrent « Rocher de diamant », la roche inscrustée de sel scintillait quand le soleil frappait la pierre sous un certain angle. Cette épisode de l’occupation du Rocher a joué un rôle encore plus important et aurait pu avoir une influence sur la bataille de Trafalgar quelques mois plus tard.

Position inexpugnable, sous le règne du Roi Georges IV , le Rocher se vit conférer par la marine britannique le titre honorifique de « navire de guerre » et devint le HMS (His Majesty’s Ship) Diamond Rock.  Cette épisode de l’occupation du Rocher a joué un rôle encore plus important et aurait pu avoir une influence sur la bataille de Trafalgar quelques mois plus tard.  Le but de Napoléon était d’envahir l’Angleterre, voulant disperser la flotte Anglaise et effectuer plus facilement son débarquement en Angleterre, avait donné l’ordre à l’escadre de se diriger vers les Antilles afin d’y attirer les Anglais. Lors d’une tempête dans le golfe du Lion qui empêcha les navires britanniques à maintenir leur surveillance, L’Amiral Villeneuve parvint à quitter Toulon et passer au travers du piège de Nelson le 29 mars 1805.   Sur ordre de Napoléon, il prend la direction des Antilles. Il arrive aux Antilles le 12 mai, et le 14  il est rejoint par les vaisseaux espagnols sous le commandement de l’amiral Federico Gravina. Commandant alors une force de vingt navires, pendant dix-sept mois, les troupes françaises tentèrent de reconquérir en vain le Rocher, mais, en 1805, le gouverneur de l’île Villaret de Joyeuse, avec l’aide de l’amiral Villeneuve qui confia cette mission à une division commandée par le capitaine de vaisseau  Kerjulien Cosmao, parvint à reprendre le Rocher aux Britanniques. La garnison, manquant de nourriture et d’eau (les citernes ayant été fissurées), se rendit aux forces françaises, le 2 juin 1805. Maurice décida de se rendre lorsqu’il surprit ses hommes en train de boire leur propre urine. Il hissa alors le drapeau blanc et demanda les termes de la reddition.

Le Major BOYER décrit la scène de la façon suivante :

« A quatre heures de l’après-midi, un messager en provenance du voilier « LA FINE  » arriva avec un drapeau blanc. Le Capitaine MAYNARD m’informa que la garnison Britannique avait demandé sa reddition. Nous ignorions ce fait, car de là où nous nous trouvions, il nous était impossible d’apercevoir le sommet du Rocher. Immédiatement, le Cessez- le-Feu fut ordonné. Deux Anglais descendirent, portant un drapeau blanc et nous annoncèrent leur intention de capituler. L’un deux était porteur d’une lettre de MAURICE, dans laquelle il offrait sa reddition pour arrêter l’effusion de sang. Immédiatement , les termes de capitulation furent rédigés et acceptés. J’ai alors envoyé le Capitaine BRUNET afin d’offrir de l’eau au Capitaine MAURICE. « Le Capitaine MAURICE nous demanda à demeurer sur le Rocher jusqu’au lendemain matin, ce qui fut accordé. Au lever du jour, MAURICE descendit à la tête de sa garnison et passa sur le front de nos troupes, qui avaient été alignées le long de la batterie de la Reine. Tous les hommes déposèrent leurs armes et MAURICE, ainsi que les officiers, vinrent me remettre leur épée «Pour bien traiter un ennemi qui s’était qui s’était défendu avec beaucoup de courage et respecter la tradition Française de générosité, je fis remise au Capitaine MAURICE, ainsi que ses officiers, de leur épée et je me mis à leur disposition».  « Les hommes qui composaient sa garnison étaient au nombre de 107 : la moitié fut envoyée à bord du PLUTON, tandis que les autres embarquaient sur le BERWICK ».  « Je fis ensuite inspecter tout le Rocher et nous basculâmes à la mer les canons de 18 qui se trouvaient au sommet. Nous immergeâmes la poudre et les munitions. Nous baissâmes tous les drapeaux Britanniques, laissant seulement les couleurs Françaises flotter au vent. Je déplore la perte de cinquante braves, qui furent tués lors de l’assaut, mais les difficultés de l’entreprise nous avaient laissé prévoir des pertes beaucoup plus importantes ». Le lendemain matin, le Commandant MAURICE et ses officiers, furent transférés sur un navire de guerre, qui partit immédiatement pour l’Ile de la Barbade, MAURICE prépara un rapport sur la perte du Rocher du Diamant, adressé à l’Amiral NELSON, l’Officier le plus ancien et le plus gradé dans la Caraïbe. Il envoya aussi copie de ce rapport à Lord SEAFORTH.

Ces documents furent remis à un navire rapide, le « VICTORY » qui appareilla immédiatement pour l’Angleterre. Un coup de canon fut tiré de la Frégate « CIRCE » mouillée en baie de CARLISLE et le Pavillon de la cour martiale fut hissé. Bien qu’il eut reçu de Lord NELSON une lettre d’encouragement, lorsqu’il fut introduit dans la cabine du « CIRCE », entouré de gardes et qu’il fit face aux cinq capitaines qui devaient le juger, MAURICE n’en menait pas large. Le Capitaine Jonas ROSE de CIRCE, Président de cette cour Martiale, était assis au centre de la table, ayant à sa droite les Capitaines William CHAMPAIN du « JASON » et George TOBIN du « H.M.S. NORTHUMBERLAND », à sa gauche, les capitaines Joseph NOURSE et Richard HENDERSON, tous deux commandant de frégates. Le juge Avocat, Thomas HORT, était assis derrière le Président. Une chaise pour l’accusé, et d’autres pour les témoins, faisaient face à cette Cour Martiale. Lorsque MAURICE fut assis, plusieurs personnalités entrèrent dans la salle. L’une d’elles était le Gouverneur Lord SEAFORTH. Le Juge Avocat lut l’acte d’accusation et plusieurs questions de routines furent posées à MAURICE, notamment sur la façon dont la défense du Rocher avait été assurée. Le lieutenant WADHAM fut ensuite appelé ( WADHAM était sur le Rocher lors de l’attaque Française ). Les mêmes questions lui furent posées, et il donnait les mêmes réponses que MAURICE. La Cour Martiale entendit également trois soldats, qui faisaient partie de la garnison. Puis, la Cour se retira pour délibérer. MAURICE attendit une demi-heure dans cette cabine, où il faisait plus de trente cinq degrés. Le verdict fut ensuite lu. L’épée de MAURICE, selon la coutume, placée en face du Président, et la garde lui faisant face, il se mit debout, au garde-à-vous. Le Juge Avocat, à son tour se leva et lut :

« Le Capitaine James WILKES MAURICE, les Officiers et la Compagnie du Navire DIAMOND ROCK on fait tout ce qui était en leur pouvoir pour la défense du Rocher, contre une force très supérieure en nombre, et par manque d’eau et de munitions, furent contraints à la reddition.

«  LA COUR, de ce fait, acquitte le Capitaine James WILKES MAURICE ».

D’après : « his Majesty’s Sloop-of-War DIAMOND ROC »

Par Vivian STUART & George T.EGGLESTON

Le 29 Juin 1843, une Croix et une Vierge furent solennellement placées sur le Rocher.